
Kenya : le projet géothermique Menengai sécurisé par une garantie RLSF – une avancée majeure pour le financement durable des infrastructures énergétiques
Dans le cadre de son ambition de transition énergétique et de développement de sources renouvelables, le Kenya vient de franchir une étape stratégique avec la sécurisation d’une garantie de paiement au profit du projet géothermique Menengai (35 MW), à travers un accord entre le développeur britannique Globeleq et l’African Trade & Investment Development Insurance (ATIDI).
Un mécanisme de garantie innovant pour stimuler les investissements
L’accord de garantie signé entre Globeleq et ATIDI repose sur le mécanisme Regional Liquidity Support Facility (RLSF), un outil novateur conçu pour renforcer la bancabilité des projets d’énergies renouvelables en Afrique. Cette couverture spécifique atténue les risques de défaut de paiement émanant d’acteurs publics kenyans stratégiques : la Geothermal Development Corporation (GDC), en charge de la fourniture de vapeur géothermique selon le contrat Project Implementation and Steam Supply Agreement (PISSA), et la Kenya Power and Lighting Company (KPLC), dans le cadre du contrat d’achat d’électricité (Power Purchase Agreement – PPA).
Ce dispositif, officialisé à la suite d’échanges préliminaires lors de l’Africa Energy Forum 2024 à Barcelone, vient renforcer la structure financière du projet et sécuriser l’engagement des institutions prêteuses, parmi lesquelles figurent la Banque africaine de développement (BAD), la Trade and Development Bank (TDB) et le fonds de développement finlandais Finnfund.
Une première, doublement symbolique pour le Kenya et le secteur géothermique
Le projet Menengai, localisé dans le comté de Nakuru, devient ainsi le tout premier à bénéficier d’une police RLSF au Kenya et le premier projet géothermique à être couvert par ce mécanisme au niveau continental. Selon Obbie Banda, coordinateur senior du RLSF chez ATIDI, « cette double première illustre le rôle catalytique que peut jouer la RLSF pour la sécurisation des investissements dans les énergies renouvelables à haut potentiel en Afrique de l’Est ».
D’une capacité installée de 35 MW, l’unité géothermique de Menengai viendra renforcer l’approvisionnement en électricité du réseau national kényan, dans un contexte de forte croissance de la demande énergétique. Ce projet s’inscrit également dans la stratégie nationale d’accélération des énergies propres, conformément aux engagements climatiques du Kenya et à son objectif de mix énergétique 100 % renouvelable à l’horizon 2030.
Une meilleure répartition des risques pour des financements durables
Pour Globeleq, acteur de référence dans le développement de projets énergétiques en Afrique, cette garantie constitue une avancée déterminante dans la structuration financière du projet. « La signature de l’accord RLSF améliore sensiblement la répartition des risques entre les parties prenantes, ce qui facilite l’alignement des intérêts des partenaires financiers et garantit une plus grande viabilité à long terme », a déclaré Edouard Wenseleers, directeur du développement commercial pour l’Afrique de l’Est chez Globeleq.
La présence de partenaires institutionnels de premier plan, conjuguée à la couverture assurantielle fournie par ATIDI, traduit la confiance renouvelée des bailleurs dans la stabilité réglementaire et la dynamique du marché énergétique kenyan. Elle ouvre également la voie à des modèles de partenariat public-privé innovants, basés sur des mécanismes de financement hybrides.
Une trajectoire régionale de plus en plus intégrée
Avec le projet Menengai, le Kenya consolide sa position de leader continental dans la production géothermique, tout en capitalisant sur les synergies régionales offertes par l’interconnexion progressive des marchés énergétiques d’Afrique de l’Est. À ce jour, le mécanisme RLSF a permis de soutenir neuf projets à travers quatre pays africains, représentant une capacité installée cumulée de près de 182 MW, pour un volume total de financements mobilisés de plus de 323 millions USD.
Cette dynamique illustre la montée en puissance de solutions d’assurance adaptées aux réalités africaines, permettant aux États de renforcer leur souveraineté énergétique tout en attirant des investissements structurants sans exposer excessivement leurs finances publiques.
Vers un modèle réplicable à l’échelle continentale
Au-delà du cas spécifique du Kenya, le projet Menengai s’impose comme un exemple reproductible pour d’autres pays africains disposant de ressources géothermiques sous-exploitées. Il souligne également la pertinence des approches fondées sur la réduction des risques financiers comme levier d’accélération de la transition énergétique. Ce type de garantie peut ainsi devenir un instrument clé pour déverrouiller des flux de capitaux privés dans des segments encore perçus comme risqués par les investisseurs internationaux.
Dans un contexte de course mondiale pour l’atteinte des objectifs climatiques et de développement durable, le projet Menengai réaffirme le potentiel stratégique du continent africain dans l’agenda global des énergies propres, à condition que les outils de gouvernance, de financement et de structuration soient solidement alignés.
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