Diplomatie énergétique : la Côte d’Ivoire capte 6,8 milliards USD d’investissements américains pour accélérer sa transformation structurelle
Résultat d’une offensive diplomatique ciblée menée aux États-Unis, la Côte d’Ivoire vient d’enregistrer un ensemble d’engagements d’investissement américains d’une valeur de 6,8 milliards de dollars, soit environ 4 000 milliards de FCFA. Ces accords, conclus à l’occasion du Sommet des Affaires organisé par la Chambre de commerce américaine (AMCHAM) à Abidjan, ouvrent une nouvelle ère de coopération stratégique dans les secteurs des hydrocarbures, de la transformation énergétique et des énergies renouvelables.
Une coopération énergétique d’envergure entre Abidjan et Washington
Le ministre ivoirien des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, a conduit une diplomatie énergétique ambitieuse et structurée qui porte aujourd’hui ses fruits. Sa tournée aux États-Unis en mars 2024 a jeté les bases d’un repositionnement majeur des États-Unis dans le paysage énergétique ouest-africain, en mettant en valeur le potentiel géologique ivoirien, la stabilité réglementaire et le climat macroéconomique propice à l’investissement direct étranger.
À l’issue de cette séquence diplomatique, trois accords structurants ont été signés entre la Côte d’Ivoire et des entreprises américaines, traduisant une volonté conjointe de construire des partenariats orientés vers la création de valeur durable.
Une deuxième raffinerie pétrolière : vers une souveraineté énergétique renforcée
L’accord phare de ce cycle d’investissements concerne la construction d’une nouvelle raffinerie nationale. Il a été conclu entre Yaatra Ventures, entreprise américaine spécialisée dans les infrastructures énergétiques, et la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR).
Ce projet, estimé à plus de 3 000 milliards de FCFA (environ 5 milliards de dollars), s’inscrit dans une logique de valorisation locale du pétrole brut, en lien avec l’entrée en exploitation du gisement offshore Baleine, l’un des plus importants jamais découverts dans le pays. Cette infrastructure permettra de doubler les capacités nationales de raffinage, de réduire la dépendance aux importations de produits finis, et de stimuler la transformation industrielle des hydrocarbures.
Le ministre Sangafowa-Coulibaly a souligné l’enjeu stratégique de ce projet :
« Nous devons impérativement développer des infrastructures de transformation sur notre sol pour répondre à la croissance de la production et garantir notre autonomie énergétique. »
Pétrole offshore : de nouveaux blocs confiés à VAALCO Energy
Dans le segment amont des hydrocarbures, la société VAALCO Energy, opérateur américain déjà actif en Afrique centrale, s’est vu confier l’exploitation de deux blocs pétroliers offshore, en partenariat avec Petroci, la société nationale. Ces blocs, restés jusque-là sous-développés, bénéficient désormais d’une valorisation initiale estimée à plus de 1 000 milliards de FCFA, confirmant leur potentiel stratégique.
Ce partenariat traduit la diversification croissante des alliances énergétiques de la Côte d’Ivoire, historiquement marquées par la prédominance d’acteurs européens ou asiatiques. L’entrée d’opérateurs nord-américains dans le secteur reflète un rééquilibrage géopolitique des flux d’investissement, soutenu par un cadre contractuel attractif et une vision politique cohérente.
Énergies renouvelables : Sun Africa s’engage pour une transition énergétique inclusive
La volonté ivoirienne de bâtir un mix énergétique diversifié et durable se manifeste également à travers l’accord signé avec Sun Africa, entreprise américaine spécialisée dans le développement de solutions solaires. Ce partenariat, d’une valeur estimée à près de 700 milliards de FCFA, vise à :
- Accroître la capacité de production d’énergie solaire à l’échelle nationale ;
- Moderniser les infrastructures de transport et de distribution électrique ;
- Améliorer l’accès à une électricité propre, stable et abordable, notamment dans les zones rurales.
La diplomate américaine Jessica Davis Ba a salué cette initiative comme un tournant historique dans la coopération énergétique ivoiro-américaine, soulignant que l’énergie constitue une base fondamentale pour le développement de tous les autres secteurs économiques.
Un signal fort de Washington en Afrique de l’Ouest
La cérémonie de signature, présidée par Troy Fitrell, haut représentant du Département d’État américain, a confirmé la volonté des États-Unis de renforcer leur ancrage économique sur le continent africain à travers une diplomatie commerciale renouvelée. Dans un contexte de déficit commercial de 418 millions de dollars avec la Côte d’Ivoire en 2024, Washington aspire à une coopération équilibrée, centrée sur les secteurs structurants.
« Notre objectif est de bâtir une prospérité commune par des partenariats d’investissement mutuellement bénéfiques », a déclaré Fitrell.
Conclusion : la Côte d’Ivoire, nouveau pôle énergétique stratégique en Afrique de l’Ouest
À travers ces accords de grande ampleur, la Côte d’Ivoire affirme sa volonté de progresser dans la chaîne de valeur énergétique, en misant sur la transformation locale, l’innovation technologique, le contenu local renforcé et une gouvernance extractive responsable.
Ce positionnement proactif renforce l’attractivité du pays comme hub énergétique régional, à la croisée des ambitions industrielles, des objectifs de souveraineté énergétique, et des engagements en faveur d’un développement durable. La diplomatie énergétique ivoirienne, portée par une vision structurée et des partenariats ciblés, pourrait ainsi servir de modèle stratégique pour d’autres économies africaines en quête de transformation structurelle.
Partagez cet article :


