
Burkina Faso : vers une souveraineté énergétique progressive grâce à la montée en puissance des capacités locales
La production nationale d’électricité au Burkina Faso couvre désormais plus de la moitié des besoins du pays. Ce progrès notable, soutenu par une diversification des sources et l’essor des énergies renouvelables, illustre une dynamique de transition énergétique porteuse d’opportunités économiques et sociales.
Une avancée stratégique dans un contexte régional contraint
Longtemps dépendant des importations électriques de ses voisins, le Burkina Faso franchit un seuil symbolique en 2024 : pour la première fois, la production nationale couvre 51 % de la consommation intérieure, soit 1,41 milliard de kilowattheures. Cette performance, enregistrée par l’Autorité de régulation du sous-secteur de l’électricité (ARSE), représente une progression de 24 % par rapport à 2023, où la couverture se limitait à 41,8 %.
Cette évolution témoigne d’une volonté politique affirmée de renforcer la souveraineté énergétique du pays, dans un contexte marqué par des contraintes sécuritaires et par une interdépendance structurelle avec les réseaux ivoirien et ghanéen.
L’essor conjoint du secteur public et privé
La Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL) demeure le pilier du système énergétique national. Toutefois, la montée en puissance des producteurs indépendants constitue une transformation majeure : leur contribution a plus que doublé en un an, traduisant un regain d’investissement et une confiance croissante dans le marché énergétique burkinabè. Cette synergie entre acteurs publics et privés constitue un levier stratégique pour sécuriser l’approvisionnement et réduire la vulnérabilité aux fluctuations extérieures.
Diversification et transition énergétique en marche
Sur le plan technologique, le mix énergétique reste dominé par le thermique, qui représente 36 % de la production. Cependant, les énergies renouvelables connaissent une progression significative. Le solaire, qui tire parti du fort ensoleillement national, atteint 11,5 % de la production, tandis que l’hydroélectrique contribue à hauteur de 3,5 %. L’année 2024 a été marquée par la mise en service de nouvelles centrales solaires, confirmant l’orientation du gouvernement vers une transition énergétique inclusive et durable.
Au-delà de la sécurité énergétique, cette diversification porte des implications positives : réduction des coûts d’importation, amélioration de la balance commerciale, atténuation de l’empreinte carbone et ouverture de nouvelles perspectives industrielles autour des filières vertes.
Perspectives et enjeux de gouvernance
Si des défis subsistent — notamment l’intégration des réseaux régionaux et la maîtrise des coûts de production —, la trajectoire actuelle ouvre des perspectives encourageantes. À moyen terme, l’essor des renouvelables et la consolidation des capacités locales pourraient repositionner le Burkina Faso comme un acteur énergétique plus autonome et résilient dans l’espace ouest-africain.
La réussite de cette stratégie reposera sur une gouvernance énergétique transparente, un cadre fiscal incitatif et des partenariats stratégiques capables de mobiliser les financements nécessaires à la modernisation des infrastructures. La formation d’une main-d’œuvre qualifiée et l’émergence d’un contenu local autour des filières solaires et hydroélectriques renforceront également l’impact socio-économique de cette transition.
Vers un modèle énergétique durable
En couvrant désormais plus de la moitié de ses besoins par sa propre production, le Burkina Faso envoie un signal fort : celui d’une nation en marche vers la souveraineté énergétique et la durabilité. Si le chemin reste exigeant, l’alliance entre modernisation industrielle, intégration régionale et développement des énergies renouvelables pourrait faire du pays un modèle de résilience et d’innovation énergétique en Afrique de l’Ouest.
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