
Carte aurifère ivoirienne : les huit piliers industriels qui redéfinissent le paysage minier national
Grâce à un sous-sol exceptionnellement riche, à une gouvernance sectorielle renforcée et à un climat politique stable, la Côte d’Ivoire s’impose progressivement comme un pôle aurifère stratégique en Afrique de l’Ouest. En 2023, la production nationale d’or a franchi le seuil des 51 tonnes, contre 48 tonnes en 2022. Les prévisions pour 2024 tablent sur 56 tonnes, confirmant une trajectoire ascendante qui positionne l’or comme l’un des moteurs de la transformation économique du pays.
Une industrie minière au cœur de la structuration économique nationale
Au-delà de la simple extraction de ressources, le secteur aurifère ivoirien s’érige en levier stratégique de développement, générateur de recettes fiscales, d’emplois qualifiés et d’opportunités d’investissement. À titre d’exemple, la mine de Tongon, opérée par Barrick Gold, a contribué à hauteur de 57 milliards FCFA aux caisses de l’État en 2021, soit 23 % des recettes fiscales minières. De son côté, la récente mise en exploitation de la mine de Lafigué devrait générer plus de 380 milliards FCFA au cours de sa durée de vie opérationnelle.
Dans cet environnement en pleine mutation, huit sites industriels se distinguent par leur performance, leur potentiel et leur impact socio-économique. Tour d’horizon de ces actifs structurants.
1. Mine d’Ity – Endeavour Mining : une exploitation historique à la pointe de la performance
D’un coût global de 300 milliards de francs CFA, le développement du site entrera en phase de construction dès le premier trimestre 2026, avec un début d’exploitation prévu dans les deux années suivantes. Cette cadence d’exécution témoigne non seulement de la solidité du montage financier, mais aussi de la volonté de Resolute Mining de faire de la Côte d’Ivoire un pilier central de sa stratégie africaine.
2. Mine de Tongon – Barrick Gold : un site de référence au nord du pays
Implantée à plus de 600 kilomètres au nord d’Abidjan, la mine de Tongon est en opération depuis 2010. En 2023, elle a produit 204 000 onces d’or (environ 5,78 tonnes). Barrick poursuit des campagnes d’exploration en périphérie, afin de prolonger la durée de vie du gisement et renforcer la résilience du site.
3. Mine de Yaouré – Perseus Mining : une infrastructure moderne aux ambitions régionales
Proche de Bouaflé, la mine de Yaouré incarne la modernité du secteur aurifère ivoirien. Mise en production en 2021, elle a atteint un pic de 271 499 onces en 2023 avant de stabiliser sa production autour de 239 637 onces en 2024. Pour Perseus Mining, Yaouré est un pilier de sa stratégie d’expansion en Afrique.
4. Mine d’Agbaou – Allied Gold : une transition maîtrisée vers un nouveau cycle
Autrefois site de premier plan, la mine d’Agbaou entre dans une phase de reconversion stratégique. Malgré la baisse de production, Allied Gold y envisage des opérations d’optimisation et de valorisation, illustrant l’importance de la gestion du cycle de vie minier.
5. Mine de Séguéla – Fortuna Silver Mines : un nouveau venu prometteur dans le Worodougou
Entrée en production en mai 2023, la mine de Séguéla est conçue pour produire en moyenne 133 000 onces/an sur une durée de vie initiale de huit ans. Elle représente le potentiel encore sous-exploité du centre-ouest ivoirien, avec des perspectives d’extension prometteuses.
6. Mine de Lafigué – Endeavour Mining : nouvel axe de croissance à Dabakala
Inaugurée en 2024, la mine de Lafigué devrait atteindre un rythme de croisière de 180 000 à 210 000 onces par an dès 2025. Dès sa phase de démarrage, elle a produit 96 000 onces, consolidant la position hégémonique d’Endeavour Mining dans l’or ivoirien.
7. Projet de Daloa : futur hub aurifère en gestation
Encore au stade de développement, le projet aurifère de Daloa fait l’objet d’intenses études techniques. Il est appelé à jouer un rôle structurant dans la densification de l’axe minier du centre-ouest, en s’insérant progressivement dans le tissu industriel national.
8. Mine de Bondiali – Groupe Arum : l’émergence d’un acteur national
Exploité par le groupe ivoirien Arum, la mine de Bondiali revêt une portée symbolique majeure. Elle marque l’entrée d’un opérateur local dans un secteur historiquement dominé par les multinationales, participant ainsi à l’émergence d’un contenu local industriel et entrepreneurial.
Vers une souveraineté minière ancrée dans le territoire
L’essor du secteur aurifère ivoirien illustre une double transformation : d’un côté, la consolidation de la Côte d’Ivoire comme puissance aurifère africaine ; de l’autre, l’amorce d’une industrialisation minière nationale à travers l’émergence d’acteurs locaux, la montée en puissance des infrastructures, et la captation des retombées fiscales et sociales à l’échelle territoriale.
L’or devient ainsi bien plus qu’une ressource : un catalyseur de souveraineté économique et un levier stratégique de développement.
Partagez cet article :