
Côte d’Ivoire : l’État intensifie la lutte contre l’orpaillage illégal pour sécuriser le secteur aurifère
En renforçant son dispositif répressif contre l’extraction aurifère clandestine, la Côte d’Ivoire affirme sa volonté d’assainir son secteur minier et de transformer ses ressources en véritables leviers de croissance durable. Près de cent personnes ont été interpellées et soixante-quinze sites illégaux démantelés lors d’une vaste opération nationale.
Un enjeu stratégique pour la gouvernance des ressources naturelles
Le secteur minier ivoirien, en pleine expansion, représente un pilier majeur de la stratégie de diversification économique engagée par Abidjan. Mais face à l’essor de l’orpaillage illégal, l’État se trouve confronté à un double défi : préserver la légitimité de ses politiques extractives et protéger les équilibres environnementaux et sociaux.
La récente opération menée par une unité spéciale de la gendarmerie nationale témoigne de cette détermination. Coordonnée sur vingt régions du pays, elle a abouti à l’arrestation de quatre-vingt-quinze individus et à la fermeture de soixante-quinze sites clandestins. Ces actions s’inscrivent dans une stratégie globale de sécurisation des zones minières, visant à endiguer les pertes fiscales, réduire les dégradations écologiques et restaurer la confiance des investisseurs.
Une menace multidimensionnelle pour l’économie et la société
L’orpaillage illégal ne se limite pas à un simple phénomène artisanal. Il constitue une véritable économie parallèle aux implications multiples :
- Environnementales, avec la déforestation accélérée, l’érosion des sols et la pollution des cours d’eau par le mercure ;
- Sanitaires, en raison des risques graves pour la santé des communautés riveraines ;
- Sociales, par l’émergence de tensions locales autour de l’accès aux ressources et la montée de conflits communautaires ;
- Économiques, du fait du manque à gagner fiscal et de la fuite des richesses hors des circuits officiels ;
- Sécuritaires, avec la consolidation de réseaux criminels transnationaux exploitant l’or clandestin.
Face à ces menaces, la fermeté de l’État vise autant à protéger l’intégrité du territoire qu’à réaffirmer l’autorité publique sur la gestion du sous-sol national.
Vers une gouvernance minière plus inclusive et durable
Au-delà de la répression, la Côte d’Ivoire devra poursuivre ses efforts pour offrir aux acteurs de l’orpaillage artisanal des alternatives viables et encadrées. L’intégration progressive de l’exploitation artisanale dans un cadre formel, par des mécanismes de contenu local, de coopératives structurées et de programmes de professionnalisation, apparaît comme une piste essentielle pour concilier sécurité, durabilité et prospérité partagée.
Le défi consiste à transformer une activité informelle destructrice en un segment réglementé, capable de générer des revenus légitimes pour les communautés locales et d’alimenter la stratégie nationale de développement minier.
Une bataille décisive pour l’avenir du secteur extractif
La récente opération illustre la volonté des autorités ivoiriennes de rompre avec les pratiques illégales et d’inscrire l’orpaillage dans une trajectoire plus responsable. Cette lutte s’impose comme un préalable indispensable pour faire du secteur aurifère un pilier de l’industrialisation et de la transition économique du pays.
En sécurisant son domaine minier, la Côte d’Ivoire envoie un signal fort aux investisseurs internationaux et réaffirme son ambition de bâtir une gouvernance extractive moderne, transparente et durable. Plus qu’une lutte contre l’illégalité, il s’agit d’un combat pour la souveraineté économique, la stabilité sociale et la préservation du patrimoine environnemental national.
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