Côte d’Ivoire : vers la construction d’une deuxième raffinerie pétrolière, catalyseur d’une industrialisation énergétique maîtrisée

Côte d’Ivoire : vers la construction d’une deuxième raffinerie pétrolière, catalyseur d’une industrialisation énergétique maîtrisée

Dans une démarche résolument tournée vers la transformation locale de ses ressources naturelles, la Côte d’Ivoire engage un projet stratégique d’envergure : l’édification d’une deuxième raffinerie nationale. Porté par un partenariat entre la société américaine Yaatra Ventures et la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR), cet investissement de plus de 3 000 milliards de FCFA marque un tournant décisif dans l’évolution du secteur énergétique ivoirien.

Une diplomatie énergétique au service d’un repositionnement industriel

Deux mois après une mission diplomatique économique de haut niveau aux États-Unis, les autorités ivoiriennes concrétisent une série d’accords stratégiques dans le domaine des hydrocarbures. Le Sommet des affaires AMCHAM, organisé à Abidjan sous l’égide de la Chambre de commerce américaine, a servi de cadre à l’annonce de trois partenariats majeurs avec des entreprises nord-américaines, pour un volume d’investissement cumulé estimé à 6,8 milliards de dollars, soit environ 4 000 milliards de FCFA.

Au cœur de ces annonces, l’accord signé entre Yaatra Ventures, société américaine spécialisée dans le développement d’infrastructures énergétiques, et la SIR, opérateur national de raffinage, vise la construction d’une deuxième raffinerie pétrolière en Côte d’Ivoire. Ce projet constitue l’un des piliers de la nouvelle politique énergétique nationale axée sur la transformation locale, la souveraineté industrielle et la création de valeur ajoutée.

Renforcer les capacités de transformation face à l’essor de la production nationale

L’entrée en production du gisement Baleine, développé par la compagnie ENI, place la Côte d’Ivoire à l’aube d’une augmentation significative de son offre pétrolière brute. Face à cette évolution, les autorités nationales souhaitent éviter le piège de l’exportation à l’état brut et entendent capitaliser sur cette ressource pour développer une chaîne de valeur intégrée, allant de l’extraction à la transformation, puis à la distribution régionale.

Dans cette perspective, la future raffinerie, dont l’investissement estimé excède 5 milliards de dollars, viendra doubler les capacités nationales de raffinage, aujourd’hui concentrées autour de la SIR à Abidjan. Le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, a souligné l’urgence de cette transition :

« Il est impératif de renforcer notre capacité de transformation pour répondre à la demande énergétique croissante, optimiser les retombées économiques locales et asseoir notre position en tant que pôle énergétique régional. »

Une stratégie d’intégration industrielle et d’autonomisation énergétique

La construction d’une seconde raffinerie s’inscrit dans une logique de réduction de la dépendance aux importations de produits raffinés, tout en consolidant la résilience énergétique du pays face aux fluctuations des marchés internationaux. Elle permettra également d’alimenter plus efficacement les besoins croissants en carburants et dérivés dans les secteurs clés de l’économie nationale (transports, agriculture, industrie), tout en soutenant les ambitions d’exportation vers les pays voisins.

Sur le plan économique, ce projet devrait générer des milliers d’emplois directs et indirects, favoriser le transfert de compétences techniques, et stimuler l’émergence d’un écosystème industriel local. Il s’inscrit dans la vision plus large d’un développement endogène, guidé par des principes de gouvernance responsable, de contenu local renforcé et de durabilité environnementale.

Une ouverture maîtrisée vers les capitaux nord-américains

La participation de Yaatra Ventures illustre le rééquilibrage progressif des partenariats énergétiques ivoiriens. Alors que les grands groupes européens dominaient historiquement le secteur, l’arrivée d’acteurs nord-américains constitue un signal fort d’attractivité et de diversification. Cette orientation permet d’introduire de nouveaux standards technologiques, tout en renforçant la compétition bénéfique pour la transparence, l’efficacité opérationnelle et la pérennité des projets.

En s’ouvrant à ces partenaires, la Côte d’Ivoire cherche non seulement à accélérer la mise en œuvre de ses grands projets structurants, mais aussi à créer un effet d’entraînement sur l’ensemble de la filière énergétique, y compris dans les domaines connexes tels que la pétrochimie, le stockage, la logistique et la distribution régionale.

Conclusion : une infrastructure catalytique pour la transformation structurelle du secteur pétrolier

Le lancement annoncé de cette deuxième raffinerie marque un tournant stratégique pour la Côte d’Ivoire. Il incarne une volonté politique affirmée de passer d’une économie extractive à une économie de transformation, capable de tirer pleinement parti de ses ressources naturelles tout en répondant aux exigences du développement durable.

En favorisant l’industrialisation locale, l’autonomisation énergétique et la montée en gamme des infrastructures, ce projet s’inscrit dans une trajectoire de modernisation profonde du secteur extractif ivoirien. Il représente également un levier puissant pour asseoir la position du pays comme acteur énergétique influent au sein de la sous-région ouest-africaine, engagé dans une stratégie de croissance inclusive et souveraine. 

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