Faire briller l’or pour les Africains : l’heure d’une refondation minière est venue

Faire briller l’or pour les Africains : l’heure d’une refondation minière est venue

Par-delà les fluctuations des cours mondiaux, les crises géopolitiques et les pressions sur les chaînes d’approvisionnement, une vérité s’impose peu à peu sur le continent africain : les ressources naturelles ne sauraient rester des leviers de croissance par procuration. Le temps est venu pour les nations africaines de reprendre la main sur leur destin minier. La récente réforme adoptée par le Mali en matière de gouvernance des projets aurifères, avec une participation nationale portée à 35 %, en constitue une expression emblématique.

Ce mouvement, bien plus qu’un simple rééquilibrage contractuel, révèle une volonté profonde : redonner aux ressources du sous-sol une utilité de surface, palpable dans la vie des populations, mesurable dans les infrastructures, et féconde en opportunités pour la jeunesse. Autrement dit, faire briller l’or pour les Africains eux-mêmes.

Une rupture assumée avec les modèles extractivistes passés

Pendant des décennies, le continent a servi de grenier à matières premières pour les économies industrielles, sans jamais réellement transformer sur place ni capter les dividendes à la hauteur de ses richesses. Ce déséquilibre structurel a nourri une forme d’amertume politique et de frustration sociale. L’Afrique produisait, mais ne prospérait pas.

En portant sa part à 35 % dans la future mine de Kobada, le Mali rompt avec cette tradition désuète. Cette démarche n’est ni un acte de défi envers les investisseurs, ni un repli souverainiste, mais une réaffirmation de la primauté de l’intérêt général dans la gestion des ressources stratégiques. Elle vise à instaurer une nouvelle équation où la rentabilité économique s’articule harmonieusement avec le progrès social.

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Une Afrique plus forte quand elle investit dans ses propres ressources

Cette évolution soulève une exigence : celle d’une montée en compétence des États africains eux-mêmes. Pour que les 25 % d’actions non gratuites dans les projets miniers se traduisent par une réelle création de valeur, il faudra mobiliser des ressources financières endogènes, structurer des véhicules d’investissement souverain, renforcer les capacités de négociation des administrations et bâtir des cadres institutionnels transparents et stables.

Ce chantier est immense, mais il est à la mesure de l’ambition affichée : faire du secteur minier un levier de transformation économique, et non une simple rente budgétaire. Il s’agit de former des géologues, des ingénieurs, des fiscalistes du secteur extractif. Il s’agit surtout de créer un environnement où le secteur privé local souvent marginalisé pourra investir, innover et s’associer à des projets structurants.

Pour une coopération équitable et visionnaire

Les partenaires internationaux, quant à eux, ont tout à gagner à épouser cette dynamique nouvelle. Dans un monde en quête de stabilité d’approvisionnement en métaux stratégiques, l’Afrique représente une alternative crédible, à condition d’adopter des logiques de co-construction, basées sur la transparence, le partage des bénéfices et le respect des souverainetés économiques.

Il est temps que les grandes entreprises minières intègrent pleinement cette évolution et cessent de considérer la renégociation des cadres fiscaux et légaux comme un risque, mais plutôt comme une opportunité de bâtir des partenariats durables, équitables et socialement acceptés.

L’or comme levier de développement humain

Dans un contexte où l’avenir de l’Afrique se joue sur plusieurs fronts démographique, énergétique, technologique, la maîtrise des ressources extractives peut offrir un socle solide à une croissance inclusive et résiliente. Chaque once d’or, chaque gramme de lithium, chaque baril de pétrole peut, s’il est bien géré, financer une école, électrifier un village, créer des emplois durables, ou moderniser un hôpital. Ce n’est donc pas seulement l’économie qui est en jeu, mais bien la dignité des peuples, la souveraineté des nations et la capacité du continent à écrire son propre récit de prospérité.

L’Afrique a été patiente. Elle a été généreuse. Désormais, elle aspire à la justice économique. Le vent de la refondation souffle sur ses mines. Il ne tient qu’à ses dirigeants, ses citoyens et ses partenaires de le transformer en force motrice vers un avenir plus juste, plus autonome et résolument africain.

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