
Hydrocarbures : les dix pays africains affichant les prix de carburant les plus bas en 2025
Dans un contexte mondial marqué par la volatilité des cours du pétrole et l’inflation énergétique persistante, certains États africains parviennent à maintenir des tarifs particulièrement compétitifs à la pompe. Selon les données publiées le 14 avril 2025 par le site de référence GlobalPetrolPrices.com, plusieurs économies du continent figurent parmi les plus abordables au monde en matière de carburant, grâce à une combinaison de facteurs structurels, fiscaux et géopolitiques.
Classement des dix pays africains les plus compétitifs sur le prix du carburant
- Libye – 0,027 USD/litre (≈ 17 FCFA)
Grâce à ses abondantes réserves pétrolières et à un système de subventions particulièrement généreux, la Libye conserve son statut de pays le moins cher au monde pour le carburant. Ce positionnement repose sur une stratégie énergétique où l’or noir est instrumentalisé à des fins de stabilité sociale. - Angola – 0,327 USD/litre (≈ 190 FCFA)
Producteur majeur d’hydrocarbures, l’Angola bénéficie de coûts de production maîtrisés et d’une chaîne de valeur locale partiellement intégrée, ce qui permet de répercuter les économies sur les consommateurs. - Algérie – 0,349 USD/litre (≈ 202 FCFA)
Grâce à sa politique de subvention et à un secteur pétrolier nationalisé, l’Algérie maintient des prix bas, tout en assurant l’autosuffisance énergétique de son marché domestique. - Égypte – 0,371 USD/litre (≈ 213 FCFA)
L’État égyptien applique une régulation stricte des prix à la pompe, adossée à une stratégie de mix énergétique, alliant production nationale et soutien budgétaire ciblé. - Nigéria – 0,540 USD/litre (≈ 312 FCFA)
Malgré des faiblesses structurelles dans le raffinage local, le Nigéria parvient à maintenir des prix abordables grâce à la taille de son marché et à la volonté politique de préserver le pouvoir d’achat. - Soudan – 0,700 USD/litre (≈ 404 FCFA)
Le Soudan mène une transition économique délicate où l’énergie reste un levier politique important. Des réformes sont en cours, mais les prix restent relativement modérés à ce stade. - Tunisie – 0,839 USD/litre (≈ 485 FCFA)
Bien que dépendante des importations, la Tunisie a mis en place une politique de stabilisation tarifaire afin de limiter l’impact des fluctuations internationales sur les ménages. - Éthiopie – 0,867 USD/litre (≈ 502 FCFA)
Le gouvernement éthiopien utilise une grille tarifaire réglementée pour préserver la cohésion sociale et éviter une inflation excessive dans un contexte économique fragile. - Libéria – 0,870 USD/litre (≈ 502 FCFA)
Malgré l’absence de production pétrolière nationale, le Libéria applique une fiscalité modérée sur les produits pétroliers, contribuant à contenir les prix de vente au détail. - Lesotho – 1,011 USD/litre (≈ 583 FCFA)
Enclavé et dépendant des importations sud-africaines, le Lesotho parvient néanmoins à préserver une certaine compétitivité tarifaire, grâce à une gestion rigoureuse des coûts logistiques.
Les déterminants structurels des écarts de prix : production nationale et politiques publiques
La variable fondamentale expliquant ces disparités reste la capacité de production nationale. Les pays exportateurs de pétrole brut, tels que la Libye, l’Angola ou l’Algérie, peuvent approvisionner leur marché intérieur à des coûts bien inférieurs à ceux pratiqués sur le marché international. Cette autonomie énergétique constitue un avantage stratégique pour proposer des prix bas, tout en réduisant la dépendance aux marchés extérieurs.
Parallèlement, les mécanismes de subvention publique demeurent un outil central dans la politique énergétique de plusieurs États africains. En compensant partiellement le coût réel du carburant, les gouvernements protègent le pouvoir d’achat des ménages et les coûts de production des entreprises. Cependant, cette stratégie pèse lourdement sur les finances publiques et nécessite un arbitrage constant entre soutenabilité budgétaire et stabilité sociale.
Fiscalité énergétique : un levier de régulation à double tranchant
À l’opposé, certains pays appliquent des taxes importantes sur les carburants pour renflouer leur budget ou financer d’autres secteurs prioritaires (santé, éducation, infrastructures). Cette fiscalité, incluant la TVA et les droits d’accise, contribue à renchérir le prix final à la pompe, même dans des pays producteurs. Elle reflète des choix macroéconomiques fondés sur une logique de redistribution ou de désincitation à la consommation excessive.
Il convient de rappeler que le prix du baril de pétrole brut est globalement uniforme sur le marché mondial. Cependant, les écarts de prix à la consommation résultent des politiques énergétiques nationales, de l’état des infrastructures de raffinage, du niveau de subvention, de la fiscalité et des marges de distribution.
Vers une transformation structurelle du secteur énergétique en Afrique
Les données de 2025 mettent en lumière la diversité des stratégies africaines en matière de carburant. Si certains pays misent sur l’abondance de ressources naturelles et le soutien budgétaire pour maintenir des prix bas, d’autres privilégient des approches plus libérales ou fiscales.
À long terme, le véritable défi réside dans la transformation structurelle du secteur : modernisation des capacités de raffinage, diversification énergétique, amélioration de la gouvernance sectorielle, et intégration du contenu local. Autant de leviers pour renforcer la résilience énergétique, tout en assurant un accès équitable et durable aux produits pétroliers sur l’ensemble du continent.
En favorisant une gouvernance plus inclusive et transparente, les États africains pourraient faire de la gestion des carburants non seulement un outil d’équité sociale, mais aussi un moteur de croissance industrielle, de compétitivité régionale et de transition vers une énergie plus propre.
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